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notes.

formes conservèrent leurs rapports. Le 28, la chevelure s’évanouit de la manière la plus surprenante ; il ne resta que quelques traces caudales, irrégulières et nébuleuses, qui divergeaient en partant de la tête. Le noyau avait cessé d’être nuageux ; c’était alors un point tranché, brillant, semblable à un satellite de Jupiter enveloppé d’un brouillard lumineux. « Je ne puis guère douter, dit sir John, que la comète ne se fût complétement évaporée par la chaleur qu’elle avait reçue du Soleil, à son périhélie ; qu’elle ne se fût dissipée en vapeur transparente, et qu’elle ne soit maintenant en voie de se condenser rapidement, et de se précipiter sur le noyau. »

» Il semble impossible d’expliquer par la seule gravitation la forme que présentent les têtes des comètes, le développement de leurs queues, et l’étendue de l’espace qu’elles balayent autour du Soleil, lorsqu’à leur périhélie leurs queues restent constamment dirigées à l’opposé de cet astre. Cinq jours après le passage au périhélie de la comète de 1680, sa queue s’étendait beaucoup au delà de l’orbite de la Terre ; dans ce court intervalle, sa direction varia de 150°. Ces phénomènes indiquent l’action simultanée d’une force attractive et d’une force répulsive. « Si nous admettons, dit sir John, que la matière dont se compose la queue est à la fois repoussée par le Soleil et attirée par le noyau, il ne reste plus de difficulté. » Si on établit avec sir John cette hypothèse, que le Soleil est sans cesse chargé d’électricité, et la chose n’est nullement improbable, lors du passage de la comète au périhélie, pendant que sa substance sera vaporisée, la séparation des deux électricités s’opérera, le noyau devenant négatif et la queue positive : alors l’électricité du Soleil dirigera le mouvement de la queue précisément comme un corps électrisé positivement le doit faire par rapport à un corps non conducteur chargé d’électricité positive à l’une de ses extrémités, et d’électricité négative à l’autre. L’excès d’énergie de la force électrique sur la force de gravitation, s’exerçant sur des substances d’une égale inertie, appuierait fortement cette hypothèse.

» La duplication de la comète de Biéla est probablement due à une force répulsive devenue supérieure à l’attraction de la masse de matière nébuleuse. Ce singulier événement promet aux observateurs des phénomènes d’un ordre nouveau, lors du retour de cet astre. En effet, il semble que nous soyons à la veille de quelque découverte remarquable touchant la nature des régions éthérées. Ces connaissances nous seront apportées des profondeurs de l’espace par les comètes qui en viennent chaque année :