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notes.

peu étendu. Quelques-unes s’accomplissent en un petit nombre de mois, d’autres se prolongent pendant des années ou des siècles ; elles ont pour effet, tantôt d’éloigner la planète du Soleil, tantôt de l’en rapprocher : mais, en même temps qu’elle est soumise à ces changements dans le plan de son orbite, elle en éprouve d’autres qui l’en font sortir, soit en l’élevant au-dessus, soit en l’abaissant au-dessous, suivant la situation des astres qui produisent les perturbations. Quoique l’autre genre de troubles éprouvés par les orbites planétaires reconnaisse aussi pour cause l’énergie des forces attractives, les positions relatives des corps troublants ne l’influencent nullement ; il ne dépend que de la position des orbites, dont la forme et le lieu, dans l’espace, éprouvent de très-petits dérangements pendant des périodes de temps immenses. Ces variations reçoivent, en conséquence, le nom d’inégalités séculaires. Il y a aussi compensation de ces anomalies, quand les orbites reviennent à leurs positions initiales. Le mouvement des planètes, en y comprenant les deux sortes de perturbations, peut être représenté par la marche d’un corps qui, tout en parcourant une ellipse, éprouverait des déviations petites et passagères, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, pendant que l’ellipse elle-même changerait, lentement et sans cesse, de forme et de position.

» Les astronomes ont calculé, pour chacune des planètes principales, des tables qui comprennent les perturbations produites par toutes les autres. Au moyen de ces tables, ils peuvent trouver, pendant des siècles, le lieu du ciel où seront ces planètes et celui qu’elles ont occupé dans les temps antérieurs, à tel instant donné. Il est évident que si un corps inconnu vient à troubler leurs mouvements, les tables ne donneront plus leur vraie situation. C’est précisément une circonstance semblable qui a conduit à la découverte de Neptune, ainsi que nous allons l’exposer.

» Depuis Cassini, aucun nouveau corps céleste n’avait été ajouté à notre système solaire, jusqu’à l’époque où sir William Herschel construisit son célèbre télescope. Ce gigantesque instrument lui permit de pénétrer dans l’espace à des profondeurs auparavant inaccessibles à l’œil de l’homme. Doué d’un rare génie, d’une grande persévérance et d’un esprit éminemment philosophique, Herschel contempla le premier et il comprit tout ce que la création offre de sublime dans les régions les plus reculées de l’univers. Il découvrit deux des satellites de Saturne.

» Tandis qu’à Bath, le 13 mars 1781, il observait la constellation des Gémeaux, il remarqua que l’une des étoiles se montrait