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NOTES.

lent une à une comme une poussière d’or au fond du firmament. Vous savez les belles imaginations que je promène volontiers au milieu de cette poussière, qui ne diffère de celle d’ici-bas que parce qu’elle est l’infiniment grand vis-à-vis de l’infiniment petit. Il y a des mondes là-haut, il y en a sous nos pieds. L’échelle des êtres, pour qui songe, vient de l’invisible et y retourne. L’âme a le coup d’aile de l’aigle pour tendre à l’invisible de là-haut. Là-haut, des soleils, des planètes ; une vie meilleure, l’accomplissement des douces chimères de l’épreuve et de l’exil… Malheureux, malheureux celui qui n’a jamais regardé le ciel avec les yeux de la pensée, qui ne l’a jamais interrogé avec la sympathie des aspirations et l’ivresse des saintes espérances ! Que de compassions naissent à entendre et à voir les soucis de la terre, au retour d’une échappée de la rêverie à travers les espaces ! »



NOTE CINQUIÈME

(QUATRIÈME ÉPOQUE. — Page 193.)

La neige qui fondait au tact du rayon rosé,
Avant d’aller blanchir les pentes qu’elle arrose…

À l’époque de la première publication de Jocelyn, quelques critiques bienveillants accusèrent mes descriptions alpestres de la grotte des Aigles de transfigurer la nature. Ils me soupçonnaient d’avoir doré de trop de soleil, et surchargé de végétations luxuriantes et fantastiques comme des arabesques, le cadre de cet épisode de mon poëme. J’ai lu depuis un récit de voyage dans les montagnes du Dauphiné, publié quelques années après par M. A. Le Clerc ; et il se trouve que les notes et les croquis du touriste sont, pour ainsi dire, les dessins au trait de mes paysages. Je place ici ce large et pittoresque panorama, comme le daguerréotype et le plan en relief de mon tableau.


I

« Il n’est pas de pays dont on parle plus et qu’on connaisse moins que le Dauphiné. Dédaigneux des richesses que nous pos-