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neuvième époque.

Valneige, 8 août 1801.

Et j’instruis les enfants du village, et les heures
Que je passe avec eux sont pour moi les meilleures ;
Elles ouvrent le jour et terminent le soir.
Oh ! par un ciel d’été, qui n’aimerait à voir
Cette école en plein champ où leur troupe est assise ?
Il est deux vieux noyers aux portes de l’église
Avec ses fondements en terre enracinés,
Qui penchent leur feuillage et leurs troncs inclinés
Sur un creux vert de mousse, où dans le cailloutage
S’échappe en bouillonnant la source du village.
De gros blocs de granit, que son onde polit,
Blanchis par son écume, interrompent son lit.


Sur ce tertre, glissant de colline en colline,
L’œil embrasse au matin l’horizon qu’il domine,
Et regarde, à travers les branches de noyer,
Les lacs lointains bleuir et la plaine ondoyer.
C’est là qu’aux jours sereins, rassemblés tous, leur troupe
Selon l’âge et le sexe en désordre se groupe.
Les uns au tronc de l’arbre adossés deux ou trois ;
Les autres garnissant les marches de la croix ;
Ceux-là sur les rameaux, ceux-ci sur les racines
Du noyer qui serpente au niveau des ravines ;
Quelques-uns sur la tombe et sur les tertres verts
Dont les morts du printemps sont déjà recouverts,