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jocelyn.

Que ta grâce les désaltère !
Tous ceux qui marchent sur la terre
Ont soif à quelque heure du jour :
Fais à leur lèvre desséchée
Jaillir de ta source cachée
La goutte de paix et d’amour !


Ils ont tous cette eau de leur âme :
Aux uns c’est un sort triomphant ;
À ceux-ci le cœur d’une femme ;
À ceux-là le front d’un enfant ;
À d’autres l’amitié secrète,
Ou les extases du poëte :
Chaque ruche d’homme a son miel.
Ah ! livre à leur soif assouvie
Cette eau des sources de la vie !
Mais ma source à moi n’est qu’au ciel.


L’eau d’ici-bas n’a qu’amertume
Aux lèvres qui burent l’amour,
Et de la soif qui me consume
L’onde n’est pas dans ce séjour ;
Elle n’est que dans ma pensée
Vers mon Dieu sans cesse élancée,
Dans quelques sanglots de ma voix,
Dans ma douceur à la souffrance ;
Et ma goutte à moi d’espérance,
C’est dans mes pleurs que je la bois !