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jocelyn.


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Oh ! mon image alors, Laurence, était en toi !
Je n’avais que deux pas entre mon ciel et moi ;
Qu’une vague de l’air, pour y monter, à fendre ;
Qu’un souffle à laisser fuir, qu’un nom à faire entendre :
Et mon amour perdu retombait dans mes bras,
Et l’enfer ni le ciel ne l’en arrachaient pas !
Des doux sons de sa voix mon oreille était pleine ;
L’air qu’elle respirait lui portait mon haleine ;
Un cri sorti du cœur, un geste, un mouvement,
Et nos cœurs confondus n’avaient qu’un battement,
Et dans un seul élan nos âmes assouvies
Franchissaient pour s’unir l’abîme de nos vies.
Tu triomphas, mon Dieu, de ma fragilité !
Mon silence entre nous remit l’immensité ;
Je m’éloignai tremblant, son ombre sur ma trace ;
Et je remis mon âme et la sienne à ta grâce.