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jocelyn.

Même lieu, 18 juillet 1800.

Qu’après avoir pleuré, comme morte, la femme
À qui, jeune, on donna les prémices de l’âme,
Des bords lointains du monde à son toit revenu,
On la trouve vivante aux bras d’un inconnu ;
Entre l’étonnement, la douleur et la joie,
Le cœur plein et serré dans ses larmes se noie,
S’interroge soi-même, et frémit de savoir
Lequel est plus affreux de perdre ou de revoir.
Ainsi, cette maison que j’avais tant pleurée,
Que je me figurais des flammes dévorée,
Elle est encor debout… mais pour nous repousser !
Ce seuil qui fut à nous, nous n’osons le passer ;
Et mon cœur déchiré, que ce souvenir tue,
Ne sait s’il l’aime mieux intacte qu’abattue !