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jocelyn.

Même lieu, 6 août 1795, au matin.

Dans le monde, en un jour, qu’est-il donc survenu ?
Comment suis-je là, moi, sous mon nom, reconnu ?
D’où viennent ces respects, ces soins qui m’environnent,
Ces signes de bonheur que leurs regards me donnent ?
Ils disent que Paris a tué le tyran,
Que la France a fini ce long meurtre d’un an,
Que les cachots vidés s’ouvrent partout d’eux-même,
Que de Dieu dans le temple on rétablit l’emblème,
Que la foule a brisé ses instruments de mort,
Et reporte aux autels sa joie ou son remord,
Que le meurtre d’hier fut le dernier supplice ;
Que l’on m’a rapporté du lieu du sacrifice
Tout arrosé du sang du bienheureux martyr,
Mourant, n’entendant plus sur mes pas retentir,
À travers mille cris, le cri de délivrance
Qui semblait du tombeau ressusciter la France,
Et que le guichetier, en ouvrant la prison,
Aux femmes de l’hospice a révélé mon nom !…