Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 4.djvu/251

Cette page a été validée par deux contributeurs.
250
jocelyn.

Mais pouvais-je, ô mon Dieu ! repousser la prière
Du mourant qui m’appelle à son heure dernière ?
Pouvais-je résister à la voix du pasteur
Qui de ma pauvreté se fit le protecteur,
M’accueillit tout enfant parmi les saints lévites,
M’y chérit entre tous, non pas pour mes mérites,
Mais pour mon abandon, et fut dans le saint lieu
Mon maître, mon ami, mon père selon Dieu ?


. . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . .



Quand il n’a pour palais qu’un cachot sur la terre ;
Quand de l’épiscopat le sacré caractère
Est aujourd’hui son crime et son arrêt de mort ;
Quand l’échafaud dressé lui présage son sort ;
Que, n’ayant que le fond de son calice à boire,
Il cherche un nom ami, bien loin, dans sa mémoire ;
Que le mien s’y réveille et se présente à lui ;
Qu’il m’appelle à son aide, implore mon appui ;
Qu’un hasard merveilleux que Dieu seul peut conduire
Fait monter jusqu’à moi le cri de son martyre,
Oh ! pouvais-je être un homme et ne pas accourir ?
Sans une voix d’ami le laisser là mourir ?
Non, non, j’aurais été parjure, ingrat ou lâche !
Quelle ivresse aurait pu me cacher cette tâche ?
Laurence m’eût poussé du cœur au dévouement.


. . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . .