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quatrième époque.

» Ah oui ! grâce à ce Dieu, mon bonheur est ta loi.
» Ni bonheur, ni vertu, dans ce monde, sans moi. »


J’hésitais. Elle mit ses deux doigts sur ma bouche,
Et, de son autre main m’attirant vers sa couche,
« Jure-moi, jure-moi, dit-elle, ô Jocelyn,
» À moi ta pauvre sœur, à moi ton orphelin,
» Jure-moi mon bonheur devant Dieu qui l’ordonne :
» Je jure de mourir, si ta main m’abandonne !
» Et je sens que ma vie ou ma mort en suspens
» Va sortir de ton cœur dans le mot que j’attends. »
Et ses yeux sur les miens, et sa bouche entr’ouverte,
Imploraient, aspiraient son triomphe ou sa perte.
Ah ! mon cœur tout entier criait pour elle en moi :
Un regard lui donna le gage de ma foi,
Et sur sa pâle main ma lèvre qui se colle
La retint à la vie avec une parole.