Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 4.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
avertissement.

pas tout l’homme, comme l’imagination et la sensibilité ne sont pas l’âme tout entière. Qu’est-ce qu’un homme qui, à la fin de sa vie, n’aurait fait que cadencer ses rêves poétiques, pendant que ses contemporains combattaient, avec toutes les armes, le grand combat de la patrie et de la civilisation ? pendant que tout le monde moral se remuait autour de lui dans le terrible enfantement des idées ou des choses ? Ce serait une espèce de baladin propre à divertir les hommes sérieux, et qu’on aurait dû renvoyer avec les bagages parmi les musiciens de l’armée. — Il y a, quoi qu’on en dise, une grande impuissance ou un grand égoïsme dans cet isolement contemplatif que l’on conseille aux hommes de pensée dans les temps de labeur ou de lutte. La pensée et l’action peuvent seules se compléter l’une l’autre. C’est là l’homme.

Quoi qu’il en soit, j’ai choisi, parmi les diverses scènes de mon drame épique déjà exécutées, une des scènes les plus locales et les plus contemporaines, pour la donner aujourd’hui au public, et pour interroger son jugement sur un genre de poésie que je n’avais pas encore soumis à sa critique. C’est un fragment d’épopée intime ; ce n’est pas, comme on l’a cru, le type sacerdotal : le sacerdoce ici n’est que le cadre et non le sujet. Le prêtre moralement et poétiquement conçu a une autre dimension que Jocelyn. Jocelyn est un homme sensible et passionné, que des circonstances et des vertus jettent dans le sanctuaire, et qui devient curé de village. Le curé de village est une des plus touchantes incarnations de l’Évangile, une de plus pittoresques figures de nos civilisations modernes. Je n’ai eu qu’à y coudre un prologue et un épilogue, pour faire de cet épisode une espèce de petit poëme ayant son commencement et sa fin.

Le lecteur se tromperait s’il voyait dans ce sujet autre