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dans l’histoire, n’en descendons pas ! Mais voyons cependant à quelles distances nous avons été rejetés de nos principes par ces réactions ; non pas par les réactions de gouvernement seulement, — celles-là sont les moins dangereuses, — mais par les réactions de l’opinion, qui se manque à elle-même en France depuis trente ans.

» Le premier dogme de la révolution bienfaisante que cette philosophie voulait faire prévaloir dans le monde, c’est la paix ! l’extinction des haines de peuple à peuple, la fraternité entre les nations ! Nous y marchons ! Nous avons la paix ! Je ne suis pas de ceux qui rejettent aux gouvernements qu’ils accusent jusqu’à leurs bienfaits. La paix sera dans l’avenir, selon moi, la glorieuse amnistie de ce gouvernement contre ses autres erreurs. Historien ou député, homme ou philosophe, je soutiendrai toujours la paix avec le gouvernement ou contre lui, et vous pensez comme moi. La guerre n’est qu’un meurtre en masse, le meurtre en masse n’est pas un progrès ! (Longs applaudissements.)

» La sécurité individuelle était un autre de ces dogmes. Nous l’avons aussi, et j’en rends hommage à notre temps ! Mais dans l’ordre politique ! Voyons :

» Le dogme, c’est la souveraineté exercée par l’universalité des citoyens ; le fait, c’est une élection qui n’embrasse encore que des catégories restreintes. L’exercice de la souveraineté est borné par un chiffre et laisse des millions d’âmes en dehors du droit, c’est-à-dire en dehors de la justice. L’élection est matérialiste. La raison dit que l’élection doit être spiritualiste comme la pensée de la Révolution, et compter des âmes, et non des centimes. Mesurez la distance ! (Oui, l’élection est matérialiste !)

» En principe, la représentation nationale doit exister