Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 38.djvu/11

Cette page n’a pas encore été corrigée
Cette page n’a pas encore été corrigée


quand un homme représente en lui, ne fût-ce que pour une minute, la pensée collective d’une masse imposante d’autres hommes, il doit s’oublier lui-même, se respecter lui-même ou vous respecter en lui ; il doit pour un instant se considérer non comme un homme, mais comme un signe, comme un de ces drapeaux qui sont suspendus derrière moi ; et, sans se faire illusion sur son mérite ou sur son importance, il doit se tenir debout dans l'évidence où vous l’avez placé ; il doit se dire : Ce qu’on honore en moi, ce qu’on salue en moi, ce qu’on acclame, ce n’est pas moi, c’est ma signification ! ce n’est pas l’étoffe du drapeau, c’est sa couleur ! (Longue acclamation.)

» Messieurs, voyons donc très-rapidement les faits et le sens intime des événements que j'ai essayé de décrire ; voyons quelle clarté ils jettent sur notre route de nation pensante et de nation politique, car le flambeau de l’histoire n’éclaire pas seulement le passé, mais le présent et l’avenir. Oui, voyons les faits de cette grande époque tels qu’ils me sont apparus à moi-même bien jeune encore quoi qu’on en dise, et bien avant l’époque où les hommes qui ne me connaissent pas de près, ou mes ennemis politiques, supposent que j’ai été ramené, converti à ses doctrines philosophiques et sociales, soit par une ambition de pouvoir que je méprise aux conditions où je le vois souvent exercé... (bravos), soit par une inextinguible soif de popularité ! Popularité que vous m’avez vu au contraire braver habituellement quand elle ne me semblait pas d’accord avec le service des vérités ou des intérêts vrais du temps (murmures), mais dont je suis heureux, dont je suis fier quand je la rencontre par hasard comme la force morale de l’opinion ! Rien de tout cela n’est vrai. (On applaudit.)