Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 37.djvu/27

Cette page n’a pas encore été corrigée

26 MÉMOIRES POLITIQUES.

qu’il lut avec indulgence les Méditations poétiques, et qu’il chargea son ministre de l’intérieur, M. Siméon, de m’en témoigner sa satisfaction par le don d’un des beaux ouvrages de sa bibliothèque, il ne sut jamais que l’auteur de ces poésies, qu’il nommait Virgiliennes, afin d’illustrer son règne, était ce jeune officier de sa garde intime qu’il remarquait tous les jours en passant de sa salle à manger à sa chapelle, et dont il avait cherché le regard complice d’assentiment en faisant assaut d’esprit et de goût avec les courtisans les plus spirituels de sa cour.

VIII

Après mes mois de service, je vins passer mes mois de semestre dans ma famille à Mâcon. Toute ma politique alors était de montrer mon brillant uniforme dans les promenades et dans les salons de mon pays. Les bals de la préfecture, embellis par madame la comtesse Germain, femme du préfet de Macon et amie de ma mère, réunissaient autour d’elle des groupes de beautés séduisantes, fête incessante du cœur et des yeux. Tout le monde était royaliste alors, peuple, bourgeois, noblesse, a l’exception de quelques officiers en demi-solde qui commençaient à. murmurer de ce que la France n’appartenait plus tout entière a l’armée. Mais le’bruit des fêtes emportait ces murmures intéressés ; on jouissait de la paix, on savourait la liberté, nul ne pensait à une invasion possible de Bonaparte. Il avait traversé récemment ces mêmes provinces et surtout les routes du Midi, sous les imprécations du peuple, en se