Richelieu, Mazarin, les orages et les transformations des derniers règnes ; il écrivait, dans sa verte vieillesse, les mémoires qui ont servi de matériaux ai notre histoire.
Elle écrit de Livry, 29 avril :
« J’ai fait un fort joli voyage. Je partis hier assez matin de Paris ; j’allai dîner à Pomponne, j’y trouvai notre bonhomme (Arnauld) qui m’attendait ; je n’aurais pas voulu manquera lui dire adieu. Je le trouvai dans une augmentation de sainteté qui m’étonna. : plus il approche de la mort, plus il s’épure. Il me gronda très-sérieusement ; et, transporté de zèle et d’amitié pour moi, il me dit que j’étais folle de ne point songer à me convertir ; que j’étais une jolie païenne, que je faisais de vous une idole dans mon cœur, que cette sorte d’idolâtrie était aussi dangereuse qu’une autre, quoiqu’elle me parût moins criminelle, qu’enfin je songeasse à moi ; il me dit cela si fortement que je n’avais pas le mot a dire. Enfin, après-six heures de conversation très-agréable, quoique très-sérieuse, je le quittai et vins ici, où je trouvai tout le triomphe du mois de mai : le rossignol, le coucou, la fauvette, qui ont ouvert le printemps dans la forêt ; je m’y suis promenée tout le soir toute seule ; j’y ai trouvé mes tristes pensées ; mais je ne veux plus vous en parler. J’ai destiné une partie de cette après-dînée à vous écrire dans le jardin, où je suis étourdie de trois ou quatre rossignols qui sont sur ma tête. Ce soir je m’en retourne à Paris pour faire un paquet, et vous l’envoyer. »
Madame de La Fayette, versée comme un érudit dans les langues classiques et qui commentait Horace et Virgile, écrivait en même temps ses premiers romans français, palpitants de toutes les émanations d’un cœur qui se repose d’avoir aimé ; elle déplorait en ce moment l’absence de son ami, le duc de La Rochefoucauld, qui servait, quoique infirme, en volontaire au siége de Lille. Madame de Mot-