prescriptions sans jugement. ? juger le surintendant, non par des juges indépendants, mais au moins par des commissaires réputés libres. Le procès fut long, difficile, plein de retours, de révélations, d’espérances et de terreurs tour à tour. Madame de Sévigné en suivit les phases avec l’anxiété d’une amie qui ne désavoué rien de son attachement pour un accusé, et qui l’encourage de l’œil et du cœur devant ses juges. Les cassettes trouvées chez le surintendant avaient révélé une correspondance intime, mais innocente, entre la femme gracieuse et le ministre bienveillant. Cette découverte, qui révélait tant de secrètes intelligences et qui faisait trembler tant de coupables, émut, sans la déconcerter, madame de Sévigné ; elle brava avec la sécurité d’une bonne conscience le murmure public qui s’éleva confie elle à la lecture de ses lettres :
« Il n’y a rien de plus vrai, écrit-elle à M. de Pomponne, membre de cette famille pieuse des Arnauld, voisin et ami de son oncle l’abbé de Coulanges ; il n’y a rien de plus vrai que l’amitié se réchauffe quand on est dans les mêmes intérêts ; vous n’écrivez si obligeamment là-dessus, que je ne puis y répondre plus juste qu’en vous assurant que je suis dans les mêmes sentiments pour vous que vous avez pour moi. Mais que dites-vous de tout ce qu’on a trouvé dans ces cassettes ? Auriez-vous jamais cru que mes pauvres lettres se trouvassent placées si mystérieusement ? Je vous assure, quelque gloire que j’en puisse tirer par ceux qui me rendront justice, de n’avoir jamais eu avec lui d’autre commerce que celui-là. Je ne laisse pas d’être sensiblement touchée de me voir obligée de me justifier, et peut-être fort inutilement à l’égard des mille personnes qui ne comprendront jamais cette vérité. Je pense que vous comprenez bien la douleur que cela fait à un cœur comme le mien ; je vous conjure de dire sur cela ce que vous savez ; je ne puis avoir trop d’amis en cette occasion ; j’attends avec impa-