épouse brisa son cœur, mais ne l’amollit pas aux séductions de Bussy ; elle lui ferma sa porte avec indignation, et feignit d’ignorer l’infidélité de son mari : « Sévigné, disent les mémoires du temps, n’est point un honnête homme ; il ruine sa femme, qui est une des plus agréables de Paris. »
Pour sauver les débris de la fortune de sa nièce et l’avenir de ses enfants, l’abbé de Coulanges la contraignit à se séparer de biens ; mais, en prenant cette précaution, elle cautionna son mari pour une somme énorme, égale aux dettes qu’il avait alors ; Elle se retira seule aux Rochers avec ses enfants, laissant le marquis de Sévigné à la liberté de ses désordres.
Il s’était attaché à une autre beauté célèbre, rivale de Ninon, nommée madame de Gondran, et d’un nom plus familier, Lolo. Le chevalier d’Albret, cadet de la maison de Miossens, lui disputa sa conquête. Sévigné triompha a force de prodigalités et de passion. Cette rivalité fit du bruit dans Paris ; on prévit un duel ; on écrivit prématurément à madame de Sévigné, aux Rochers, que son mari avait été blessé par son rival ; elle lui adressa une lettre de douleur, de désespoir et de pardon. Le bruit était anticipé ; le duel avait été ajourné. Sévigné reçut ainsi en tendres reproches les derniers adieux de celle qu’il trahissait pour un caprice.
Le jour était pris pour le combat : il fut courtois et chevaleresque ; les deux combattants s’expliquèrent et s’embrassèrent avant de tirer l’épée, pour satisfaire à ce qu’un usage barbare appelait en France l’honneur. Sévigné reçut le coup mortel, et expira à vingt-sept ans, dans la fleur de sa vie.
Sa femme, qui pardonnait tout à son âge, à sa légèreté, aux habitudes du temps, faillit mourir de douleur en apprenant sa catastrophe ; elle accourut à Paris pour s’entourer de ses chers vestiges. Il ne lui restait de son mari que les