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MILTON

ANNÉE 1608 DE J.-C.



Milton est un des trois grands poëtes chrétiens qui furent à la théogonie du moyen âge ce qu’Homère fut à l’Olympe païen. Ces trois grands poëtes théologiques sont Dante, le Tasse et Milton. La Divine Comédie, de Dante, la Jérusalem délivrée, du Tasse, le Paradis perdu, de Milton, sont les Iliades et les Odyssées de notre théologie.

Ces poëmes sont a peu près de la même date, c’est-à-dire de l’époque où les mystères, encore très-sacrés, commencent néanmoins à servir de texte et même de jeu à l’imagination des artistes ; époque très-dangereuse pour les dogmes, avec lesquels l’esprit se familiarise, en les laissant passer du sanctuaire dans les lettres.

Les religions sévères devraient, comme Platon, chasser les poëtes. Quand on chante ses dieux, on est bien près de les profaner. Mais la théologie était si incontestée et si souveraine au temps de Dante, du Tasse et de Milton, qu’elle ne prévoyait pas même le danger. Elle laissait mêler impunément par les poëtes ses fables et ses vérités ; tout encens lui paraissait bon, fût-il composé avec les fleurs les plus suspectes de l’antiquité mythologique ; elle voulait que ses songes même fussent chrétiens.

De ces trois grands chantres de la théologie que nous