visible du père et de la mère semblait habiter encore ce foyer.
Un jour, pendant les fêtes de Pâques, un journal était ouvert sur la table du parloir. Le jeune Horatio, âgé seulement de douze ans, parcourait la feuille ; il y lut la promotion de son oncle au grade de commandant du vaisseau le Raisonnable, de soixante-quatre canons. L’éclair de sa vocation, jusque-là indécise, frappa l’enfant : « Mon frère, s’écria-t-il en rejetant le journal sur la table et en s’adressant à William Nelson, plus âgé que lui de quelques années, écrivez vite à notre père, et dites-lui de demander pour moi à notre oncle Maurice la faveur de m’embarquer avec lui. » William écrivit.
Le père, qui connaissait l’ardeur et l’âme d’Horatio, sa passion précoce pour le soutien et l’illustration de sa famille, ne s’étonna pas de cette résolution de son favori. On lui avait souvent entendu dire que cet enfant privilégié portait en lui les symptômes des grandes choses, et que, dans quelque carrière qu’il fût jeté par la Providence, il atteindrait, selon l’expression proverbiale des marins, le sommet du mât ! Le père, prévoyant une fin prochaine, et désirant laisser cet enfant moins à la merci du hasard, écrivit donc à son beau-frère, le capitaine Maurice Suckling, pour lui demander la faveur de prendre Horatio ç son bord. « Eh quoi ! répondit l’oncle, étonné de cette vocation héroïque dans un âge si tendre et dans un corps si frêle ; quoi ! c’est le pauvre petit Horatio, le plus faible et le plus délicat de la famille, qui demande entre tous les autres à s’exposer aux sévérités de l’Océan ? Mais, puisqu’il le veut, qu’il vienne ! La première fois que nous irons au feu, un boulet de canon pourrait bien être sa Providence, et se charger à jamais de sa destinée ! »
Mais l’intrépidité de l’enfant était dans son âme et non dans ses muscles. Il demanda un jour à sa grand-mère ce