plus éclatant instrument de cette conquête du royaume a la religion du prince.
La conversion d’un courtisan, l’abbé de Dangeau, et bientôt la conversion plus illustre du maréchal de Turenne, lui valurent une nouvelle célébrité.
Turenne était un politique rompu par une longue vie aux manéges des cours ; aussi courtisan que guerrier. Ayant passé, pendant la minorité de Louis XIV, du parti de la révolte dans le parti de la cour, il sentait qu’il avait beaucoup à se faire pardonner pour reconquérir la faveur du roi, maintenant affermi sur son trône. Il n’y avait pas pour Turenne de meilleur gage à donner qu’une adoption tardive de la religion du roi. Soit qu’il crût que le ciel était à ce prix, soit qu’il calculât que son rang dans les armées et dans le conseil tenait à cet acte, il hésita le temps nécessaire pour donner de la décence à ce changement. Il voulut être instruit par Bossuet, qui avait été rappelé à Paris et désigné à l’épiscopat. Bossuet eut peu de peine à convaincre un vieux soldat qui se présentait de lui-même à la conviction.
Turenne, suffisamment convaincu, se rendit à la cour à une heure où les courtisans affluaient dans le palais. Le roi était à table. Turenne lui demanda un moment d’entretien pressé et secret. Le roi se leva de table, et conduisit avec déférence le général dans l’embrasure d’une fenêtre. « Sire, lui dit Turenne, j’ai une confidence à vous faire, que je vous prie ne pas divulguer encore. Je veux changer de religion ! — Ah ! que je suis aise ! » s’écria le roi en lui ouvrant ses bras pour le presser sur son cœur ; mais, se contenant de peur de révéler trop de joie par cet embrassement aux courtisans qui les regardaient sans les entendre, il fit entrer le nouveau converti dans son cabinet. Là, il l’embrassa, le félicita, et lui dit qu’il allait envoyer sur l’heure un courrier au pape, pour ne pas