tures, dans ses badinages avec son fils, qu’elle ne traite jamais sérieusement ; jusque dans ses regrets d’avoir laissé sa chienne Marphise à Paris, et dans ses remords d’en avoir adopté et d’en aimer une autre.
« Vous êtes étonnée que j’aie un petit chien, voici l’aventure. J’appelais par contenance une chienne courante d’une madame qui demeure au bout de ce parc. Madame de Tarente me dit : « Quoi ! vous appelez un chien ? Je veux vous en envoyer un, le plus joli du monde. » Je la remerciai et lui dis la résolution que j’avais prise de ne plus m’engager dans cette sottise. Cela se passe, on n’y pense plus. Deux jours après, je vois entrer un valet de chambre avec une petite maison de chien toute pleine de rubans, et sortir de cette jolie maison un petit chien tout parfumé, d’une beauté extraordinaire, des oreilles, des soies, une haleine douce, petit comme une sylphide, blondin comme un blondin ; jamais je ne fûs plus étonnée ni plus embarrassée. Je voulus le renvoyer, on ne voulut jamais le reporter. La femme de chambre qui l’a élevé en a pensé mourir de douleur. C’est Marie qui aime le petit chien ! il couche dans sa maison et dans la chambre de Beaulieu ; il ne mange que du pain ; je ne m’y attache point ; mais il commence à m’aimer, je crains de succomber. Voilà l’histoire que je vous prie de ne point mander à Marphise, car je crains ses reproches. Au reste, une propreté extraordinaire ; il s’appelle Fidèle ; c’est un nom que les amants de la princesse n’ont jamais mérité de porter ; ils ont été pourtant d’un assez bel air ; je vous conterai quelque jour ses aventures… »
« Ce que vous me dites sur Fidèle est fort plaisant et fort joli. C’est la vraie conduite d’une coquette que celle que j’ai eue. Il est vrai que j’en ai honte et que je m’en justifie, comme vous avez vu ; car il est certain que j’aspirais au chef-d’œuvre de n’avoir aimé qu’un chien, malgré les Maximes de M. de La Rochefoucauld, et je suis embar-