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dant enfin à la nature, et frappant à mort le meurtrier. La naïveté de cette histoire ressemble a un poëme : c’est une idylle, ou une seule goutte de sang brille parmi la rosée sur une feuille d’arbre et sur une touffe d’herbe. La Providence semble ainsi se complaire à donner à chaque peuple libre, pour fondateur de son indépendance, un héros fabuleux ou réel, conforme aux sites, aux mœurs, au caractère de ces peuples : à un peuple rustique et pastoral comme les Suisses, un paysan héroïque ; à un peuple fier et soulevé comme les Américains, un soldat honnête homme ; deux symboles debout au berceau des deux libertés modernes pour personnifier leurs deux natures : ici, Tell avec sa flèche et sa pomme ; là, Washington avec son épée et ses lois !