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GUILLAUME TELL.

Leuthold. — Il n’a pas salué ce chapeau.

Walther Furst. — Et pour cela, il faut qu’il aille en prison ?… Mes amis, recevez ma caution et laissez-le libre.

Friesshardt. — Garde ta caution pour toi, nous faisons notre charge. Allons, qu’on l’emmène.

Melchthal. — C’est une violence révoltante. Souffrirons-nous que sous nos yeux on l’enlève ?

Le sacristain. — Nous sommes les plus forts, mes amis ; ne souffrons pas ceci. Nous devons nous aider l’un l’autre.

Friesshardt. — Qui osera résister à l’ordre du gouverneur ?

Trois paysans, accourant. — Nous vous aiderons. Qu’y a-t-il ? Jetons-les par terre. (Hildegarde, Mathilde, Élisabeth, reviennent.)

Tell. — Je me secourrai moi-même. Allez, mes braves amis ; croyez-vous que si je voulais employer la force, j’aurais peur de leurs hallebardes ?

Melchthal, à Friesshardt. — Oserais-tu l’enlever au milieu de nous ?

Walther Furst et Stauffacher. — Soyez calme et patient.

Friesshardt crie. — A la révolte ! à la sédition ! (On entend les cors de chasse.)

Les femmes. — Voici le gouverneur.

Friesshardt élève la voix. — A la révolte ! à la sédition !

Stauffacher. — Crie, coquin, jusqu’à ce que tu crèves.

Le curé et Melchthal. — Veux-tu te taire ?

Friesshardt. — Au secours au secours ! défendez les agents de la loi.

Walther Furst. — C’est le gouverneur. Malheur à nous ! Que va-t-il arriver ? (Gessler à cheval, le faucon sur le poing ; Rodolphe de Harras, Berthe, Rudens et une suite de valets armés, qui forment un vaste cercle autour de la scène.)

Rodolphe. — Place, place au gouverneur !

Gessler. — Dispersez-les ! Pourquoi cet attroupement ? Qui criait au secours ? Qu’était-ce ? (Silence général.) Je veux le savoir. (A Friesshardt.) Avance : qui es-tu, et pourquoi tiens-tu cet homme ? (Il donne son faucon à un serviteur.)