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CHRISTOPHE COLOMB

ANNÉE 1492 DE J.-C.



Dieu se cache dans le détail des choses humaines, et il se dévoile dans l’ensemble. Aucun homme sensé n’a jamais nié que les grands événements qui composent la vie historique de l’humanité ne fussent reliés et coordonnés secrètement par un fil invisible suspendu à la main toute-puissante du souverain-ordonnateur des mondes, pour les faire concourir à un dessein et à un plan. Comment celui qui a donné la lumière à l’œil serait-il-aveugle ? Comment celui qui a donné la pensée à sa créature serait-il lui-même sans pensée ?

Les anciens appelaient ce plan occulte, absolu et irrésistible de Dieu dans les choses humaines, le Destin, la Fatalité ; les modernes l’appellent la Providence, nom plus intelligent, plus religieux et plus paternel. En étudiant l’histoire de l’humanité, il est impossible de ne pas reconnaître, par-dessus et par-dessous l’action libre de l’homme, l’action souveraine et transparente de la Providence. Cette action d’ensemble et de masse n’exclut en rien la liberté de nos actes, qui fait seule la moralité des individus et des peuples ; elle semble les laisser se mouvoir, agir, s’égarer avec une latitude complète d’intention ; de choix, du bien et du mal, dans une certaine sphère d’action et avec une