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GUTENBERG.

qui ne se fit naturaliser bourgeois de Strasbourg qu’en 1447, et d’Eckstein, chanoine de la cathédrale, qui, aidés des fonds fournis par le couvent des Chartreux, et sans avoir travaillé eux-mêmes à cet art si peu connu alors, s’établissent typographes et procèdent avec la plus grande célérité à imprimer, à mettre au jour une Bible allemande. Plusieurs autres ouvrages paraissent successivement, signés de l’imprimerie de Mentel, qui fit une fortune rapide, tandis que le malheureux Gutenberg, chassé par la misère, rentrait fugitif à Mayence.

La fortune qui avait accru l’influence de Mentel, et la rivalité qui subsistait entre les villes indépendantes de Mayence et de Strasbourg, favorisèrent ses désirs ambitieux de substituer son nom à celui de Gutenberg. Il y réussit si complétement qu’en peu d’années Gutenberg fut oublié ou volontairement écarté, et Mentel proclamé, à Strasbourg, inventeur de l’art divin, et des fêtes instituées en son honneur.

De retour à Mayence, et relevé de l’humiliation et de la ruine par la main d’une femme aimée, comme Mahomet par sa première épouse, Gutenberg se donna tout entier a son art, s’associa Faust et Scheffer, gendre de Faust, établit ses ateliers à Mayence, et y publia, toujours sous le nom de ses associés, des bibles et des psautiers d’une admirable pureté de caractère.

Scheffer avait longtemps fait le métier de calligraphe et le commerce des manuscrits à Paris. Ses voyages et la fréquentation des artistes de cette ville lui avaient fait connaître des procédés mécaniques pour l’emploi des métaux qui, appliqués par lui à l’imprimerie, à son retour à Mayence, lui fournit les moyens nouveaux de fondre en plomb les lettres mobiles dans les matrices en cuivre avec plus de précision, et à donner ainsi une netteté parfaite aux caractères. Ce fut avec ce nouveau procédé que le Psautier, le pre-