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ACTE I, SCÈNE II
NINA, à ses compagnes.

Vous souvient-il, mes sœurs, de la blanche jalouse,
Fière de sa couleur et de son nom d’épouse,
Son œil pour nous punir d’attirer un regard
Contre notre beauté se tournait en poignard ?
« Des verges ! Flétrissez cette insolente esclave
Dont la grâce m’insulte et la beauté me brave.
Vengez-moi, frappez-la jusqu’à ce que son front
De ma race vaincue ait expié l’affront ! »

CHŒUR DE NÉGRESSES.

Bah ! bah ! bah ! maintenant, en toute paix, madame !
Possédez un époux qui n’est plus disputé.
Les bras de nos guerriers ont affranchi notre âme.

Gloire à Toussaint ! Vive la liberté !

CHŒUR DE NÈGRES dans le lointain.

Vive la liberté !


SCÈNE  DEUXIÈME


LUCIE et ADRIENNE.

LUCIE se lève et s’approche du devant de la scène avec Adrienne.

Entends-tu de sang-froid ces cris de délivrance
Qui volent sur les mers en insultant la France ?

ADRIENNE.

La France ?

LUCIE.

          Tu pâlis, comme si dans ton cœur
Le nom de nos tyrans sonnait encor la peur !
Ne crains rien ; Haïti secouant ses entraves
Pour ces rois détrônés n’enfante plus d’esclaves