Il se chante au travail avec la noble peine
Qui sur le sol fertile entrecoupe l’haleine !
Il se chante à l’église avec l’hymne immortel
Que le divin pardon fait monter de l’autel !
Il se chante au rivage en déployant la rame,
Et des pieds et des mains, et du cœur et de l’âme,
Sous le ciel, sur la mer, à l’exercice, aux champs,
Partout où l’homme en paix s’encourage et ses chants,
Et si l’ennemi rêve une terre usurpée,
Alors, enfants, cet air se chante avec l’épée ;
Se mêlant au tambour, au fusil, au clairon,
L’hymne devient tonnerre et couvre le canon !
Te souviens-tu, Nina, de la maîtresse blanche,
Quand l’injure à la bouche et le poing sur la hanche,
Pour nous faire trembler prenant sa grosse voix,
Elle disait, at coups d’éventail sur nos doigts :
Des verges ! Punissez cette indolente esclave
Qui me laisse brûler par ce souffle de lave !
Vengez-moi ! frappez-la d’un fouet sifflant et prompt,
Jusqu’à ce que le vent soit glacé sur mon front ! »
Elles chantent ironiquement.
Bah ! bah ! bah ! maintenant de vos soupirs, madame,
À votre aise, tenez votre front éventé !
Les bras de nos guerriers ont affranchi notre âme.
Gloire à Toussaint ! Vive la liberté !
Ainsi seule et rêveuse et les yeux pleins de larmes,
Adrienne, nos jeux pour toi n’ont aucuns charmes ?