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TOUSSAINT LOUVERTURE.

UN AUTRE SOLDAT NOIR.

Faut-il le fusiller ?

ADRIENNE, se jetant entre le blanc et le noir.

Faut-il le fusiller ? Oh ! pitié !

TOUSSAINT.

Faut-il le fusiller ? Oh ! pitié ! Qu’il approche.

Aux noirs.

Détachez ce bandeau qui l’empêche de voir.

On détache le bandeau. — À Rochambeau.

Qui cherchais-tu ?

ROCHAMBEAU.

Qui cherchais-tu ? Toussaint.

TOUSSAINT, s’indiquant lui-même.

Qui cherchais-tu ? Toussaint. Regarde ce vieux noir…

ROCHAMBEAU.

Vous raillez…

TOUSSAINT.

Vous raillez… Le vengeur d’un peuple qu’on outrage,
Dans son corps contrefait doit en être l’image !
Tu me trouves trop vieux, trop laid pour un héros ?
Plus le bois est noueux, mieux il brise les os :
Parle, que me veux-tu ?

ROCHAMBEAU.

Parle, que me veux-tu ? Mon général m’envoie
Apporter à ton cœur un message de joie.
Ces fils longtemps pleurés à qui tu tends les bras !…

TOUSSAINT, s’élançant avec transport.

Eh bien ! mes fils !… mes fils ?…

ROCHAMBEAU.

Eh bien ! mes fils !… mes fils ?… S’avancent sur mes pas.
De la fidélité, chez nous, nobles otages,
De la paix dans tes mains ils vont être les gages.
Ordonne aux postes noirs de les laisser passer,
Ils sont nos envoyés.