Albert ! l’enfant l’a dit, lui qui ne sait rien feindre.
ses mains enchaînées.
Est-il vrai ?… Trompe-moi… Non, plutôt, dis-moi tout.
Si tu dois me tuer ; que ce soit d’un seul coup.
Adrienne, Adrienne ! oh ! pourquoi d’un reproche
Empoisonner ainsi l’instant qui nous rapproche ?
Ah ! si le sort devait nous rapprocher un jour,
Était-ce ainsi, mon frère, et dans un tel séjour ?
Moi dans ce noir cachot où l’on m’enterre vive,
Et toi l’ami des blancs dont je suis la captive !
Quoi ! tu ne rougis pas d’être libre en ces lieux,
où la main des tyrans nous obscurcit nos cieux !
Pourquoi contre les blancs ces anciennes colères ?
Un préjugé de moins, ces tyrans sont nos frères.
Ta sœur est dans les fers, et c’est toi qui le dis !
Dieu ! j’oubliais ! pardonne ! Oh ! oui, je les maudis !
Périssent mille fois ceux qui la profanèrent !
Honte et mort aux cruels dont les mains l’enchaînèrent !
Quoi ! sa beauté, ses pleurs n’ont pu les désarmer !
Quel crime as-tu commis ?
Le crime de t’aimer !