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dit-elle d’une voix qui tremblait d’avance de ce qu’on allait lui répondre.

« — Non, répondis-je, je ne suis pas libre de mes pas.

« — Et où serez-vous cet hiver ?

« — À Paris, » lui dis-je.

Alors, me prenant pour la dernière fois la main : « Eh bien ! moi, je suis libre, dit-elle, et j’y serai ! »

Je compris l’accent de résolution inflexible et passionné avec lequel elle avait prononcé cette espèce de serment intérieur de nous revoir.

« Non, lui répondis-je, n’y venez jamais.

« — J’irai, » dit-elle.

La soirée fut triste et silencieuse dans le salon de la comtesse Livia, comme entre amis la veille d’une séparation éternelle.

L’hiver suivant, je reçus à Paris un billet de Régina qui m’apprenait qu’elle venait d’arriver avec sa grand’mère, qu’elles étaient descendues, sous la conduite d’un des oncles de la jeune princesse, à l’hôtel de ***. Nous nous revîmes à Paris.