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à le revendiquer pour elle au nom du père, jeune militaire tué à sa première affaire, et qui était son neveu chéri. La supérieure de l’hospice, dont cette dame est l’amie, l’aide dans son enquête charitable et ne néglige aucun soin pour recueillir les témoignages et pour remonter sur les traces de l’enfant. Elle a connu Geneviève pendant l’épidémie qui a désolé nos contrées. Elle a appris par moi que cette charitable servante du curé de Valneige était ici, passant ses jours et ses nuits au chevet d’un montagnard moribond ; elle a voulu recueillir les souvenirs et les renseignements secrets qui peuvent aider la dame étrangère à constater l’existence et l’identité du fils de son neveu. Ces deux femmes vont venir à l’instant ici ; avertissez Geneviève de leur visite et de leurs recherches. C’est un sujet bien délicat pour elle, puisqu’il s’agit à la fois de l’honneur de sa sœur Josette, et de rendre un nom, une famille et une fortune à un enfant auquel cette bonne fille doit s’intéresser.

« — Oui, dis-je à mon ami, cet enfant l’intéresse trop en effet, car elle croit l’avoir retrouvé toute seule dans l’enfant de Luce que vous voyez là, jouant dans la cour avec mon chien de chasse, et dont vous avez admiré la figure et la sensibilité, tous les jours, auprès du lit du pauvre magnien. Je vais préparer Geneviève à cette visite. »

Et je sortis.


CLXVIII


En entrant dans la chambre du malade, je trouvai la supérieure, l’étrangère, Geneviève et Luce dans un entretien déjà fiévreux, qui révélait par l’émotion des visages et par l’accent des paroles les sentiments divers dont cha-