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de la chambre, à allumer un petit feu dans un fourneau sur le palier pour faire de la tisane, à casser du sucre, à changer les draps trempés de sueur du malade, d’une main si douce et si exercée qu’il s’aperçut à peine qu’on l’avait remué ; l’enfant l’aidait avec un zèle et une intelligence au-dessus de son âge. Je descendis dans la salle basse de l’hôtellerie : je payai à l’hôte le prix de tous les lits de son grenier pour qu’on n’y logeât aucun étranger jusqu’à la guérison ou jusqu’à la mort du magnien. Je dis que cet homme était un des métayers de ma famille, auquel je prenais un intérêt tout particulier. Je donnai une étrenne au garçon d’écurie pour qu’il empêchât autant que possible les rixes et les vociférations sous le hangar, et j’allai moi-même chercher le jeune médecin, mon ami de collége, excellent homme, qui mettait plus de cœur encore que de science dans sa pratique. Mais c’est ce qui me donnait confiance en lui, car la médecine, selon moi, est surtout une intention plus qu’un art de guérir. La science du médecin n’a que des axiomes ; son cœur a des divinations. La volonté de soulager est par elle-même une puissance qui soulage. Un médecin doit être bon ; c’est plus de la moitié de son génie.

Je le trouvai sortant de sa visite de l’hôpital. Il me suivit à l’auberge et tâta le pouls du malade. Il affecta un air de satisfaction et de confiance dans ses paroles et dans sa physionomie devant lui. Il savait que l’espérance est une grande force vitale et qu’il faut encourager la vie, surtout pendant qu’elle lutte avec la mort. Il ordonna à Geneviève, qu’il connaissait, le traitement simple, doux et cordial, convenable à ces natures où les maladies mêmes sont simples comme les professions.

Après avoir ainsi rassuré l’homme souffrant et consolé l’enfant, qui regardait le visage du médecin comme les