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Il semblait vraiment que le soleil était entré dans la boutique avec lui. Il s’asseyait devant le comptoir ; il jouait avec la poignée de son sabre ; il posait son casque sur la chaise ; elle peignait sa crinière, elle raccommodait ses aiguillettes ; il lui ramassait ses écheveaux de fil à dentelle, il lui tenait sa pelote d’épingles pendant qu’elle marquait son dessin sur le coussinet ; et puis, « monsieur Septime, » par-ci, « mademoiselle Josette » ou « mademoiselle Joséphine par-là ; car elle commençait à aimer mieux qu’on l’appelât Joséphine : et puis on riait, et puis les demi-mots, les soupirs, les silences, et puis les conversations tout bas. Je ne pouvais pas me fâcher, monsieur, parce que le maréchal des logis était si réservé, si honnête ! et que Josette était si heureuse, si tendre, et de plus si affable et si obéissante pour moi ! « Mais quand est-ce donc que le régiment partira ? » disais-je au bon Dieu.


LVIII


« Il ne partait toujours pas. Le monde n’entendait pas malice aux visites fréquentes du maréchal des logis chez nous, parce que, quoique pauvres, nous avions bonne réputation dans l’endroit ; et puis, vous ne le diriez pas, monsieur, on croyait dans le quartier que c’était à moi que le maréchal des logis faisait la cour. On disait : « La cadette est trop jeune, c’est une enfant, ça ne pense à rien ; c’est. Geneviève qui est en âge, et c’est une fille avenante sans être belle, tout de même. Eh bien, tant mieux, elle aura un gentil mari, ma foi ! »

« Voilà ce qui donnait lieu à cette méprise : les amoureux, c’est si fin, voyez-vous ! Le maréchal des logis ne