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« Voilà nos savants ! Ils sont écrits en algèbre et voilés d’une terminologie gallo-grecque qui laisse les sciences naturelles à l’état de mystères pour tout ce qui n’est pas initié. Celui qui mettra la science usuelle en langue vulgaire et sensible aux ignorants n’est pas encore venu. Je me trompe, il commence à poindre en Angleterre dans le fils d’Herschel. Rien encore ici !


XXII


« Ainsi, de tout ce qui compose une bibliothèque complète pour un homme du monde ou pour une académie, à peine pourrait-on extraire cinq ou six volumes français à l’usage et à l’intelligence des familles peu lettrées, à la ville ou à la campagne, et cet extrait même n’est pas fait dans le sens qui conviendrait aux mœurs de cette partie négligée de la population. On lui apprend à lire cependant, mais sans lui donner ensuite la possibilité de lire autre chose que les livres faits pour d’autres lecteurs, ou les feuilles rougies de vices et de cynisme qu’on lui jette en pâture, comme si l’on donnait à un enfant des armes pour se blesser. »


XXIII


Ces réflexions m’attristèrent profondément en regardant la figure noble et souffrante de la pauvre Reine, âme altérée cherchant en vain les sources où elle pût étancher cette soif naturelle à tous de connaître et d’aimer. Je lui dis :