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En disant cela, elle rougit comme un charbon sur lequel l’haleine vient de souffler dans le foyer qui couve. Je souris, je m’inclinai, je balbutiai quelques mots de bonheur, de dévouement, de services à toute épreuve, d’amitié pour Saluce, qui avait eu raison de voir en moi un autre lui-même.

La vieille femme faisait, à tout ce que disait sa fille et à tout ce que je répondais, des gestes de tête d’assentiment et des exclamations approbatives. Régina se plaça à ses pieds, sur le bord du matelas, et je pris une chaise sur laquelle je m’assis à une certaine distance de cet admirable groupe.


VIII


« Eh bien, nous allons tout vous dire en deux paroles, s’écria Régina en levant ses beaux yeux humides sur mon visage, comme pour m’interroger ou me fléchir. Mais d’abord, reprit-elle en s’interrompant, comme si elle eût commis une étourderie, folle que je suis ! dit-elle, j’ai une lettre pour vous, et je ne vous la donne pas ! »

En disant cela, elle tira de son sein une feuille de papier plié en cœur, et me la remit toute chaude encore de la chaleur de sa robe. Le papier n’était pas cacheté, je l’ouvris. Je reconnus la main de Saluce et je lus :


Château fort de ***, États romains.


« Celle qui te remettra ce papier est plus que ma vie. Je suis prisonnier ; mais je me sentirai libre si elle est libre au moins, elle. Elle va en France cacher son existence et