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Les jeunes chevaliers qui briguaient sa conquête,
Venus pour le combat sont restés pour la fête ;
Les cours et les préaux sont couverts d’étrangers ;
Les dames, les barons, entourent les foyers ;
Le jour ne suffit pas et leur foule enivrée ;
Mais des feux du sapin la nuit même éclairée
Ouvre une lice ardente à des plaisirs nouveaux.
C’est l’heure où Béranger, conviant ses vassaux,
Prodigue des trésors que son orgueil étale,
Fait dresser à la fois vingt tables dans la salle,
Et jusqu’aux premiers chants de l’oiseau du matin,
Entouré de ses preux, prolonge le festin.
Ces salles, où des preux les tables sont dressées,
De soie et de velours ne sont pas tapissées ;
Elles n’offrent aux yeux qu’une voûte d’acier.
Lances, piques, écus, brassards et bouclier ;
Et des lambris de fer et des festons d’épées
Avec un art sauvage autour des murs groupées,
Réfléchissant les feux des nocturnes flambeaux,
Jettent un jour sanglant sous les vastes arceaux.
Nul art dans ces festins n’ajoute à la nature,
Et leur profusion est leur seule parure ;
Les hôtes des forêts, des cerfs, des sangliers,
Sur des plateaux de bois s’y servent tout entiers ;
Et dans la salle même, entre chaque embrasure,
Des outres, des tonneaux qui coulent sans mesure,
Versent aux échansons des vins nés sur ces bords,
Dont la coupe se vide et s’emplit à pleins bords.


Sur un siège élevé d’où son regard domine
Béranger est assis ; plus bas la belle Hermine ;
Puis enfin les barons, les écuyers, les grands,
Placés par les hérauts chacun selon leurs rangs,