Semblable aux sons vivants de la parole humaine,
S’élève et vient frapper son oreille incertaine.
Cette voix n’avait pas ces modulations
Qu’imprime aux sons humains l’accent des passions,
Cette note à la fois violente et plaintive
Qui trahit toujours l’homme à l’oreille attentive ;
C’était un son égal, plein, grave, mesuré,
Par un cœur impassible avec force vibré,
Dont rien n’amollissait la vigueur solennelle ;
Mais comme on entendrait la parole éternelle.
Du côté d’où la voix s’élevait vers les cieux,
Le jeune homme éperdu porte aussitôt les yeux ;
Il voit, non loin de lui, sur un banc de verdure,
Deux êtres dont il n’ose assigner la nature,
Tant leur sublime aspect, à son œil enchanté,
Surpasse l’homme en force, en grâce, en majesté.
L’un était un vieillard ; mais sa verte vieillesse
Ne témoignait des ans que l’antique sagesse ;
On ne voyait en lui que cette majesté
D’un front chargé de temps, mais du temps respecté ;
L’âge n’avait pour lui ni faiblesse ni glaces ;
Ses traits montraient ses jours, mais sans porter leurs traces,
Et ses membres nerveux, et d’un sang pur nourris,
N’étalaient point à l’œil leurs muscles amaigris.
Ses cheveux étaient blancs, mais leurs boucles touffues
Roulaient à gros flocons sur ses épaules nues ;
Dans toute leur jeunesse, ils paraissaient blanchir.
Son front large et musclé les portait sans fléchir.
La voûte de ce front sur ses yeux avancée
Imprimait à ses traits la force et la pensée ;
Au sommet de ce front deux boucles de cheveux,
Par un souffle divin qui soulevait leurs nœuds,
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