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Il ne consolait plus de ses tendres regards
Les débris dispersés des grandeurs des Césars.
Frappant du Vatican les longues colonnades,
Ses rayons prolongés sous l’ombre des arcades
Ne montraient plus de loin au regard attristé
Les fantômes épars de l’antique cité,
Et passant par degrés sur les saintes collines,
N’y faisaient plus grandir l’ombre de leurs ruines !
Ces soleils de la nuit du pilote connus,
Saturne, Jupiter, Mars, la chaste Vénus,
Et ceux que les pasteurs, levés avant l’aurore,
Comme des fleurs du ciel voyaient jadis éclore,
Ayant déjà rempli leur précoce destin,
N’éclairaient déjà plus le soir ni le matin ;
Mais une nuit glacée, universelle, obscure
Comme un voile de deuil tombant sur la nature,
Enveloppait soudain de son obscurité
Et le ciel, et la terre, et l’homme épouvanté.
Ses yeux, en vain levés vers les voûtes funèbres,
Retombaient accablés du poids de ces ténèbres ;
Et le monde muet, sans ciel et sans flambeau,
Restait comme endormi dans la nuit du tombeau !





SECONDE VISION



Qu’êtes-vous devenus, voluptueux rivages,
Collines de Tibur, antres frais, verts bocages,
Où l’Anio, tombant en liquides cristaux,
Répandait dans les airs la fraîcheur de ses eaux ?