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Ils disent cependant que cet astre se voile ;
Que les clartés du siècle ont vaincu cette étoile ;
Que ce monde vieilli n’a plus besoin de toi ;
Que la raison est seule immortelle et divine ;
Que la rouille des temps a rongé ta doctrine,
Et que de jour en jour de ton temple en ruine
Quelque pierre, en tombant, déracine ta foi.

Ô Christ, il est trop vrai, ton éclipse est bien sombre !
La terre sur ton astre a projeté son ombre ;
Nous marchons dans un siècle où tout tombe à grand bruit :
Vingt siècles écroulés y mêlent leur poussière.
Fables et vérités, ténèbres et lumière
Flottent confusément devant notre paupière,
Et l’un dit : « C’est le jour ! » et l’autre : « C’est la nuit ! »





Comme un rayon du ciel qui perce les nuages,
En traversant la fange et la nuit des vieux âges,
Ta parole a subi nos profanations :
L’œil impur des mortels souillerait le jour même !
L’imposture a terni la vérité suprême,
Et les tyrans, prenant ta foi pour diadème,
Ont doré de ton nom le joug des nations !

Mais, pareille à l’éclair qui, tombant sur la terre
Remonte au firmament sans qu’une ombre l’altère,
L’homme n’a pu souiller ta loi de vérité.
L’ignorance a terni tes lumières sublimes,
La haine a confondu tes vertus et nos crimes,