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Là ce jeune guerrier, ce débris de deux guerres,
Dont le laurier s’unit au cyprès de deux frères ;
Ce sang, dont la Vendée a vu couler les flots,
N’épuisa point en lui la source des héros[1].




Mais, sur ce dais où l’or en longs plis se déroule,
Quel populaire instinct porte l’œil de la foule ?
Ah ! c’est le sang royal qui parle aux cœurs français !…
À l’ombre de ces lis entourés de cyprès,
Dont la tige sur elle avec amour s’incline,
Voilà l’ange exilé ! la royale Orpheline !
Son front, que des bourreaux le fer a respecté,
Garde de la douleur la noble majesté !
On sent à son aspect que, digne de sa mère,
Le ciel lui fit une âme égale à sa misère !
À ces pompes du trône on la ramène en vain ;
Son cœur désenchanté les goûte avec dédain,
Et peut-être, au moment où son œil les contemple,
Son âme, s’envolant dans les cachots du Temple,
Rêve aux jours de l’enfance où, sous ces murs affreux,
Que la main des bourreaux obscurcissait pour eux,
Un rayon de soleil à travers une grille
Était la seule pompe, hélas ! de sa famille !…

La veuve de Berri des couleurs du cercueil
Couvre son front mêlé d’espérance et de deuil ;
Ses longs cheveux épars, se dénouant d’eux-même,
Semblent en retombant pleurer un diadème ;

  1. La Rochejaquelein.