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Las de cet assaut de parole,
Il guide Alexandre au combat ;
L’aigle sanglant du Capitole
Sur le monde à son doigt s’abat :
L’univers n’est plus qu’un empire.
Mais déjà l’esprit se retire ;
Et les peuples poussant un cri,
Comme un avide essaim d’esclaves
Dont on a brisé les entraves,
Se sauvent avec un débri.

Levez-vous, Gaule et Germanie,
L’heure de la vengeance est là !
Des ruines c’est le génie
Qui prend les rênes d’Attila !
Lois, forum, dieux, faisceaux, tout croule ;
Dans l’ornière de sang tout roule,
Tout s’éteint, tout fume. Il fait nuit,
Il fait nuit, pour que l’ombre encore
Fasse mieux éclater l’aurore
Du jour[1] où son doigt vous conduit !

L’homme se tourne à cette flamme,
Et revit en la regardant :
Charlemagne en fait la grande âme
Dont il anime l’Occident.
Il meurt : son colosse d’empire
En lambeaux vivants se déchire,
Comme un vaste et pesant manteau
Fait pour les robustes épaules

  1. Le christianisme.