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Plus vous descendez dans les âges,
Plus ce bruit s’élève en croissant,
Comme en approchant des rivages
Que bat le flot retentissant.
Voyez passer l’esprit de l’homme,
De Thèbe et de Memphis à Rome,
Voyageur terrible en tout lieu,
Partout brisant ce qu’il élève,
Partout, de la torche ou du glaive,
Faisant place à l’esprit de Dieu !

Il passe au milieu des tempêtes
Par les foudres du Sinaï :
Par la verge de ses prophètes,
Par les temples d’Adonaï !
Foulant ses jougs, brisant ses maîtres,
Il change ses rois pour des prêtres,
Change ses prêtres pour des rois ;
Puis, broyant palais, tabernacles,
Il sème ces débris d’oracles
Avec les débris de ses lois !

Déployant ses ailes rapides,
Il plonge au désert de Memnon ;
Le voilà sous les Pyramides,
Le voici sur le Parthénon :
Là, cachant aux regards de l’homme
Les fondements du pouvoir, comme
Ceux d’un temple mystérieux ;
Là, jetant au vent populaire,
Comme le grain criblé sur l’aire,
Les lois, les dogmes et les dieux !