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COMMENTAIRE


DE LA DEUXIÈME HARMONIE




C’est dans les Confidences qu’on retrouvera tout ce qui concerne cette Harmonie. J’y ai oublié seulement un trait. Le voici ; il n’a d’intérêt qu’en famille.

Quand j’écrivis cette Harmonie, j’étais en Italie. Je l’envoyai à ma mère : elle vit que j’avais parlé d’un lierre qui tapissait, au nord, le mur humide et froid de la maison. C’était une erreur, le lierre n’existait pas ; il n’y avait que de la mousse, des vignes vierges, des pariétaires. Ma mère, qui était la sincérité jusqu’au scrupule, souffrit de ce petit mensonge poétique. Elle ne voulut pas que son fils eût menti, même pour donner une couleur de plus à un tableau imaginaire ; elle planta de ses propres mains un lierre à l’endroit où il manquait. Sans doute que Dieu bénit ce petit plant et que les pluies d’hiver l’arrosèrent, car, en peu d’années, il habilla complètement le mur. Ma mère mourut ; le lierre grandit toujours ; et maintenant il est devenu si vigoureux, si ramifié, si touffu, si usurpateur de toute la maison, qu’il fait une corniche verte et flottante au toit, et qu’il gêne les persiennes