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Que l’écume des temps dans ses abîmes roule,
Et que le genre humain la traverse, et s’écoule

Vers un désert nouveau !


Je le vois : mon regard devance
Le pas des siècles plus heureux !
La colonne de l’espérance
Marche, et m’éclaire de ses feux !

Tu souffleras plus pur sur des plages nouvelles ;
Ton aigle pour toujours n’a pas plié ses ailes ;
La nature à son Dieu garde encor de l’encens ;
Il est encor des pleurs sous de saintes paupières,
Du ciel dans les soupirs, dans les cœurs des prières ;
Et, sur ces harpes d’or qui chantent les dernières,

Quelques divins accents !


Oh ! puissé-je, souffle suprême,
Instrument de promission,
Sous ton ombre frémir moi-même,
Comme une harpe de Sion !

Puissé-je, écho mourant des paroles de vie,
De l’hymne universel être une voix choisie,
Et quand j’aurai chanté mon cantique au Seigneur,
Plein de l’esprit divin qui fait aimer et croire,
Ne laisser ici-bas pour trace et pour mémoire
Qu’une voix dans le temple, un son qui dise : « Gloire

Au souffle créateur ! »