Ton accent belliqueux a l’éclat du tonnerre,
Ton pas retentissant secoue au loin la terre,
Et le dieu qui te lance est le dieu de la guerre
Servi par le trépas !
Tu revêts la forme sanglante
D’un héros, d’un peuple, d’un roi ;
Tu foules la terre tremblante
Qui passe et se tait devant toi.
Mais quand le sang glacé dans ses veines s’arrête,
Le genre humain, qui sent que son heure s’apprête,
S’élève de la vie à l’immortalité :
Tu marches devant lui sous l’ombre d’une idée !
D’un immense désir la terre est possédée,
Et, dans les flots d’erreur dont elle est inondée,
Cherche une vérité !
Alors tu descends ; tu respires
Dans ces sages, flambeaux mortels,
Dans ces mélodieuses lyres
Qui soupirent près des autels.
La pensée est ton feu, la parole est ton glaive !
L’esprit humain flottant s’abaisse et se relève,
Comme au roulis des mers le mât des matelots.
Mais tu choisis surtout les bardes dans la foule :
Dans leurs chants immortels l’inspiration coule ;
Cette onde harmonieuse est le fleuve qui roule
Le plus d’or dans ses flots.
Où sont-ils, âme surhumaine,
Ces instruments de tes desseins ?