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Et chacun d’eux reçoit la loi qu’il lui prescrit,
La matière en matière, et l’esprit en esprit !
Graviter est la loi de ces globes de flamme ;
Souffrir pour expier est le destin de l’âme ;
Et je combats en vain l’arrêt mystérieux,
Et la vie et la mort, tout l’annonce à mes yeux.
L’une et l’autre ne sont qu’un divin sacrifice ;
Le monde a pour salut l’instrument d’un supplice ;
Sur ce rocher sanglant où l’arbre en fut planté
Les temps ont vu mûrir le fruit de vérité ;
Et quand l’homme modèle et le Dieu du mystère,
Après avoir parlé, voulut quitter la terre,
Il ne couronna pas son front pâle et souffrant
Des roses que Platon respirait en mourant ;
Il ne fit point descendre une échelle de flamme
Pour monter triomphant par les degrés de l’âme :
Son échelle céleste, à lui, fut une croix,
Et son dernier soupir, et sa dernière voix
Une plainte à son Père, un pourquoi sans réponse,
Tout semblable à celui que ma bouche prononce !…
Car il ne lui restait que le doute à souffrir,
Cette mort de l’esprit qui doit aussi mourir !…





Ou bien, de ces hauteurs rappelant ma pensée,
Ma mémoire ranime une trace effacée,
Et, de mon cœur trompé rapprochant le lointain,
À mes soirs pâlissants rend l’éclat du matin,
Et de ceux que j’aimais l’image évanouie
Se lève dans mon âme, et je revis ma vie !
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