Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’espérance reprend son vol vers l’orient ;
On trouve au fond de tout le vide et le néant ;
Avant d’avoir goûté, l’âme se rassasie ;
Jusque dans cet amour qui peut créer la vie
On entend une voix : « Vous créez pour mourir ! »
Et le baiser de feu sent un frisson courir.
Quand le bonheur n’a plus ni lointain ni mystère,
Quand le nuage d’or laisse à nu cette terre,
Quand la vie une fois a perdu son erreur,
Quand elle ne ment plus, c’en est fait du bonheur !





Amour, être de l’être ! amour, âme de l’âme !
Nul homme plus que moi ne vécut de ta flamme !
Nul, brûlant de ta soif sans jamais l’épuiser,
N’eût sacrifié plus pour t’immortaliser !
Nul ne désira plus dans l’autre âme qu’il aime
De concentrer sa vie en se perdant soi-même,
Et, dans un monde à part de toi seul habité,
De se faire à lui seul sa propre éternité !
Femmes, anges mortels, création divine,
Seul rayon dont la vie un moment s’illumine,
Je le dis à cette heure, heure de vérité,
Comme je l’aurais dit quand devant la beauté
Mon cœur épanoui, qui se sentait éclore,
Fondait comme une neige aux rayons de l’aurore !
Je ne regrette rien de ce monde que vous :
Ce que la vie humaine a d’amer et de doux,
Ce qui la fait brûler, ce qui trahit en elle
Je ne sais quel parfum de la vie immortelle,
C’est vous seules ! Par vous toute joie est amour.
Ombres des biens parfaits du céleste séjour,