Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


En été, les feuillages sombres,
Où flottent les chants des oiseaux,
Jettent le voile de leurs ombres
Entre le soleil et les eaux ;
Des sillons les vagues fécondes
Font un océan de leurs ondes,
Où s’entre-choquent les épis ;
Le chaume, en or changeant ses herbes,
Fait un oreiller de ses gerbes
Sous les moissonneurs assoupis.

Ainsi qu’une hôtesse attentive
Après le pain donne le miel,
L’automne à l’homme son convive
Sert tour à tour les fruits du ciel :
Le raisin pend, la figue pleure,
La banane épaissit son beurre,
La cerise luit sous l’émail,
La pêche de duvet s’épluche,
Et la grenade, verte ruche,
Ouvre ses rayons de corail.

L’hiver, du lait des neiges neuves
Couvrant les nuageux sommets,
Gonfle ces mamelles des fleuves
D’un suc qui ne tarit jamais.
Le bois mort, ce fruit de décembre,
Tombe du chêne que démembre
La main qui le fit verdoyer,
Et, couvé dans le creux de l’âtre,
Il rallume au souffle du pâtre
Le feu, ce soleil du foyer.