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COMMENTAIRE


DE LA QUATRIÈME HARMONIE




Madame de B*** veut dire ici madame la comtesse Ida de Bombelles, ambassadrice d’Autriche à Florence, à Naples, etc. Madame de Bombelles, née en Danemark, je crois, fille de madame Brown, écrivain célèbre dans son pays, paraissait être une erreur de la nature. Sa beauté était grecque, son génie italien, sa voix céleste. Par le talent elle égalait les premières cantatrices de son temps.

Elle avait créé d’inspiration, dans son enfance, l’art nouveau des attitudes. Elle représentait, d’une pose, d’un geste, d’une draperie, les personnages des grandes scènes historiques. Elle faisait vivre et palpiter les statues. Sa merveilleuse beauté aidait au prestige. C’était la poésie muette. Quand elle parlait, c’était surtout la bonté.

Il y a peu de temps que le malheur l’a frappée à son tour. Elle a perdu son mari, son rang, sa fortune, sa splendeur. Elle vit obscure et en deuil dans une petite ville d’Allemagne. Elle n’a plus cette cour d’admirateurs passionnés dont nous l’entourions tous les soirs dans son beau palais de l’Arno ; mais comme elle n’avait point de vanité, elle a peu perdu en perdant les applaudissements. Les cœurs lui restent.