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Quand l’amour dans ta voix soupire,

Quand la haine y gémit des coups qu’elle a frappés,
Quand frémit le courroux, quand la langueur expire,
Quand la douleur s’y brise en sons entrecoupés,
Quand ta voix s’amollit et lutte avec la lyre,
Ou que l’enthousiasme, empruntant tes accents,
Emporte jusqu’aux cieux, sur l’aile du délire,

Mille âmes qui n’ont plus qu’un sens ?


Notre oreille, enchaînée au son qui la captive,
Voudrait éterniser la note fugitive ;
Et l’âme palpitante asservie à tes chants,
Cette âme que ta voix possède tout entière,

T’obéit comme la poussière

Obéit, dans l’orage, aux caprices des vents.

Comment l’air modulé par la fibre sonore
Peut-il créer en nous ces sublimes transports ?
Pourquoi le cœur suit-il un son qui s’évapore ?
Ah ! c’est qu’il est une âme au fond de ces accords !

C’est que cette âme, répandue

Dans chacun des accents par ta voix modulé,
Par le cœur, qui répond, est soudain entendue
Avant que le doux son soit encore écoulé,
Et que, semblable au son qui dans un temple éveille
Mille échos assoupis qui parlent à la fois,
Ton âme, dont l’écho vibre dans chaque oreille,

Va créer une âme pareille
Partout où retentit ta voix.